Le programme Proxob ou « Proximité et obésité » va être testé sur 5 ans en Auvergne et en Drôme-Ardèche avec le soutien de l’ARS. Il s’agit d’un dispositif de prévention et de prise en charge de l’obésité via l’intervention d’une équipe interdisciplinaire à domicile.
C’est un dispositif innovant qui a été lancé en 2016 à Clermont-Ferrand. Le programme Proxob (Proximité et Obésité, ndlr) propose une prise en charge de l’obésité à domicile par une équipe mobile et interdisciplinaire. Concrètement, il s’agit de mettre en place de bonnes habitudes de manière progressives et durables.
« Cela réduit l’inégalité d’accès aux soins«
Magalie Miolane, médecin nutritionniste au CHU de Clermont
Les professionnels vont tenter d’instaurer des changements dans le mode de vie de l’ensemble de la famille. Ceci afin d’améliorer, sa qualité de vie et sa corpulence. « Les familles sont contentes de pouvoir le faire à domicile. Cela évite les trajets pour celles qui ne peuvent pas se déplacer. Cela réduit l’inégalité d’accès aux soins » précise Magalie Miolane, médecin nutritionniste au CHU de Clermont.
18 séances à domicile sur un an
Concrètement, le programme comprend 18 séances sur 12 mois. Une équipe composée d’un diététicien, un professeur d’activité physique adapté et un psychologue intervient au domicile. L’objectif étant de comprendre l’origine des problèmes de poids. « L’obésité ne se traite pas avec un régime et un peu de sport. C’est un peu plus compliqué« , poursuit Magalie Miolane.

Christophe et Malika Astier vivent à Gerzat. Ils ont bénéficié du programme Proxob avec leur fils Diego, 14 ans. Il s’agissait de résoudre les soucis de santé, mais aussi de ne plus souffrir du regard des autres. « C’est surtout Diego qui en a souffert. Il a même été un peu harcelé. Les gamins ne sont pas tendres entre eux, surtout au collège« , raconte Malika Astier.
Alimentation, activité physique et psychologie
La famille a bénéficié de 6 séances autour de l’alimentation dans leur propre cuisine. « On a fait des recettes comme le tajine de poulet avec patates douces et courgettes. Des plats diététiques que nous avons concocté tous les trois« , poursuit Malika Astier. « On a aussi réduit les quantités, car nous avions tendance à charger les assiettes » ajoute Christophe Astier.
Des ateliers autour de l’activité physique étaient aussi proposés. « L’idée, c’est de mettre en avant ce qu’ils font déjà et qu’ils ne considèrent pas comme de l’activité physique. On n’est pas dans de la souffrance, le but, c’est de prendre plaisir, car on sait que l’activité physique pourra être pérennisée« , indique Christine Verneret, enseignante en activité physique.
« On fait beaucoup de marche, on aime bien, donc on arrive à s’y tenir »
Malika Astier, bénéficiaire du programme Proxob en 2019
La famille Astier a finalement opté pour la randonnée. « On fait beaucoup de marche, on aime bien, donc on arrive à s’y tenir » affirme Malika Astier. « On préfère d’ailleurs quand c’est en côte, maintenant qu’on nous a appris à bien nous positionner pour prendre les montées » indique Christophe Astier. Le fils Diego, lui, s’est mis au basket.
Enfin, le programme Proxob propose aussi 6 séances autour de la « parentalité » avec un psychologue. Il s’agit là d’aborder l’aspect émotionnel de l’obésité. L’occasion d’aborder plusieurs thèmes tels que les relations au sein de la famille et avec les autres, le rythme de travail, la qualité du sommeil.

Une nouvelle boîte à outils
Au fil des années, le programme Proxob s’est enrichi et s’appuie désormais sur de nouveaux outils tels que cette malle qui comporte plusieurs livres et support pour pratiquer les divers ateliers. Avec, par exemple, des plaquettes de couleurs pour répartir les familles d’aliments. Mais aussi des réglettes pour mesurer le nombre idéal d’heures de sommeil.
Pour la famille Astier, le bilan a été plutôt positif. « Je suis passé d’obésité stade 2 à obésité stade 1. Diego, lui, est passé d’obésité stade 1 à surpoids, mais surpoids plutôt dans la fourchette basse » indique Malika Astier. Une très bonne expérience avec des experts à l’écoute. « Je le recommande sans aucune hésitation » conclu Christophe Astier.
Un dispositif qui prend de l’ampleur
Le programme Proxob a franchi une nouvelle étape en septembre 2021. Le dispositif qui a d’abord été lancé en 2016 à Clermont-Ferrand prend de l’ampleur, grâce au soutien de l’ARS et de l’Assurance Maladie. Une expérimentation sur 5 ans permettra l’accompagnement de 300 familles, soit 750 personnes en excès de poids.
Le dispositif est étendu dans un premier temps dans le territoire « Drôme-Ardèche nord » puis dans un second temps, dans le Cantal et la Haute-Loire. Et cela en plus des départements déjà concernés, le Puy-de-Dôme et l’Allier.
Thomas Loret
